Une exception qui confirme la règle ? Peut-être. Ou pas. [ PV Euca x) ]

Encore une fois, Violette s'était levée extrêmement tôt.

A vrai dire, lorsqu'elle avait quitté sa petite maison dans le village lycan, l'aube pointait à peine le bout de son nez. Cela devait maintenant presque une habitude pour la lycanne blonde de se lever à des heures pas possibles, selon ses envies. Après tout, c'était simple chez elle. Quand elle se réveillait, elle se réveillait. Elle se levait, quand bien même il n'était que deux heures du matin. Et puis, l'air frais de la nuit était toujours plus agréable qu'en journée, il fallait le dire. Cependant, Violette n'en était pas non plus au stade de préférer de loin se mouvoir de nuit que de jour comme les suceurs de sang, il ne fallait pas abuser. Mais il n'empêche que les alentours étaient beaucoup plus calmes en ces heures-ci. Et souvent, notre jeune lycanne aimait le calme. Et ce n'était pas comme si elle pouvait toujours y avoir droit au village lycan, avec des loups comme Kae, évidemment. Sans parler du village avec tous ces humains que la blondinette commençait tout doucement à mépriser de plus en plus - bon, disons qu'il y en avait juste une bonne paire qui l'irritait des masses. Mais passons.

La jeune fille avait donc quitté le village lycan sous les premières lueurs de l'aube, en direction du premier chemin qui s'offrait à elle. Elle n'avait pas de but précis, elle voulait juste se dégourdir les jambes et profiter du calme de l'aube avant d'attaquer une nouvelle journée. L'air était agréable. Après plusieurs minutes passées à marcher sur les gravas d'un chemin emprunté au hasard, Violette décida d'aller faire un tour vers le village. Non, attention, pas en plein dedans, mais plutôt dans le coin de la plage. Il serait certainement encore plus agréable de profiter de cet instant de répit assise sur le sable, à l'écoute du clapotis des vagues. Certainement. Ce fut ainsi que la jeune lycanne aux longs cheveux blonds dénoués enleva ses chaussures pour fouler le sable de la plage de ses pieds nus, quelques instants plus tard. Il y avait évidemment un peu plus de vent, ici. C'était logique. Mais cela restait supportable. Et puis, lorsqu'on était lycan, ce n'était pas qu'on avait souvent froid. Mais bref. Violette finit par s'asseoir, non loin de la limite qu'atteignaient les vagues qui s'échouaient sur le sable mouillé. Elle étira ses longues jambes, en agitant ses orteils pour faire tomber le sable qui s'y était accroché, et inspira à fond l'air marin. Hum. Elle avait bien fait de venir ici. C'était bigrement agréable.

Seulement, l'instant de répit ne dura guère longtemps.
En effet, quelques instants après - Violette n'aurait su dire avec exactitude combien de temps, - une odeur portée par le vent arriva aux narines sensibles de la lycanne blonde, qui sur le coup, se raidit sur place. Non. Ce n'était pas vrai. Elle savait à quel genre d'espèce appartenait ce genre d'odeur. Elle ne se trompait pas. Quelqu'un approchait. Et ce ne serait certainement pas une personne qu'elle allait acceuillir à bras ouverts avec un grand sourire. Oh que non. Bref, Violette se raidit sur place et ne bougea pas d'un pouce, attendant que la personne précédée par son odeur n'apparaisse à son tour.

V

Aussi étrange que cela puisse paraître quand on voyait le blondinet sourire à tout bout de chant, comme s'il ne conaissait ni peine ni larmes, Eucalysta était inquiet. En effet, depuis le Renouvellement, qui datait quelque peu, le jeune homme n'avait plus revu Cameo. Il se doutait certes que celui-ci n'avait pas que ça à faire de le voir, mais cela l'iquiétait tout de même. Et puis, les moments qu'ils avaient partagé dans la chambre du Sire restaient gravés dans son esprit avec plus encore d'intensité qu'une brûlure... Et si il avait commis une erreur, là-haut ? Et si jamais Cam'chou ne souhaitait plus le voir ? En proie à ses pensées aussi perturbatrices qu'envahissantes, Euca s'était déçidé à prendre un peu l'air, alors que les premières lueurs du jour - quelques peu dissimulées par les nuages constant, avouons-le - apparaîssaient.

Etant donné qu'l n'avait pas vraiment faim et qu'il se trouvait qu'il n'avait pas encore croisé d'humains qui se levaient avec le jour, il avait déçidé de se rendre sur la plage, pour contempler la mer qui l'avait rejetté sur cette île. L'étendue d'eau si calme sur la plage, si agitée aux bas des falaises... Si contrastée. Si dangereuse. Et pourtant si belle, si envoûtante. Eucalysta avait otujours aimé la mer. Il ne s'y était rendu que rarement, avec Joe, mais s'y était vraiment bien amusé ces rares fois... Mais, de nouveau, alors qu'il se rendait vers le village pour admirer l'étendue salée, il s'interdit d'y penser. Non, il était inutile de ressasser sans cesse de douloureux souvenirs... Il lui valait mieux vivre au présent. Certes, il avait été très doux de vivre avec Joe mais, dès qu'il repensait à lui, l'image de son corps vidé de tout sang le frappait. Et sa culpabilité revennait, plus forte encore que jamais.

Resserant un peu son long manteau, comme si le vent frais qui soulevait ses cheveux blonds lui faisait un effet quelconque, le vampire finit par atteindre la plage. Et sentir une odeur qui le fit s'arrêter, un instant. Une odeur particulière, qu'il sentait de temps à autres et qui ne lui était pas très agréable... Enfin, une odeur qui lui laissait toujours une impression étrange. Une odeur de loup. Il hésita quand à la conduite à adopter. Il navait jamais rencontré de loups personellement, sinon au Renouvellement... Certes, sans la présence de Cameo, cela serait arrivé car il serait certainement allé les voir pour leur demander de le tuer mais le Prince lui avait donné une nouvelle raison de vivre. Enfin, vivre... Dans son état, c'était un peu exagéré, mais il ne s'agissait là que d'une façon de parler. Finalement, il déçida que, ne conaissant pas de loups, ce serait l'occasion ou jamais de voir s'ils méritaient leur rôles d'ennemis héréditaire. Alors, il repris sa route vers la louve.

Et puis il la reconnut. Oh, Eucalysta n'avait pas mauvaise mémoire, ce qui lui permettait de reconnaître quelques personnes. Et, s'il identifia Violette, ce fut comme l'une des louves qui accompagnait la chef de Meute - Leah Tsukiyume, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut - lors du Renouvellement. Il n'hésita ensuite que très peu. Bien élevé qu'il était, il inclina la tête vers elle avant de prendre la parole d'une voix douce, un très léger sourire flottant sur ses lèvres. Léger car il ne souhaitait pas qu'elle ait l'impression qu'il se moquait d'elle, mais sourire quand même pour qu'elle ne devinne pas toute sa peine...

" Bonjour... "

Il ne fallut guère plus de quelques secondes plus tard pour que le vampire fasse son apparition sur le sable blanc de la plage. Violette leva son fin visage vers lui, alors qu'il approchait, et se mit à froncer les sourcils et le nez, affichant une expression qui était loin d'être avenante. Mais après tout, que pouvait-on bien attendre d'autre de la part d'une louve comme Violette, lorsqu'elle se retrouvait face à un représentant de la race héréditairement ennemie de la sienne ? Soyons logique. De son côté, notre lycanne blonde reconnut également le vampire qui s'avançait sur le sable. C'était le vampire blond qui avait fait parti de la délégation des vampires le jour du Renouvellement. Le blondinet à l'air particulièrement inoffensif par rapport à ses compères. Mais qu'il ait l'air plus inoffensif ou non, Violette s'en fichait bien. Elle savait très bien que n'importe qui pouvait se cacher derrière de simples apparences. Les vampires en particulier. Il n'y avait qu'à regarder cette gamine suceuse de sang qui était présente également au Pacte, pour prendre un exemple. Elle avait beau avoir l'apparence d'une fillette de 10 ans, il n'empêche que cela ne trompait pas. Bref, tout çà pour dire que Violette ne changea pas son expression hargneuse de si tôt. Au contraire, elle darda son regard clair sur le vampire aussi blond qu'elle d'un air noir, jusqu'à ce qu'il s'arrête et qu'il lui dise un simple bonjour. Bonjour ? Non, çà ne n'en était pas un. Plus maintenant. Qu'est-ce qu'il lui voulait, cette sangsue ?

Sans prononcer un mot, la jeune fille se releva sur ses jambes, pour se présenter debout face à l'intrus. Elle ne préférait pas rester en position inférieure face à quelqu'un, et encore moins devant un représentant de l'espèce vampirique. Il ne fallait pas rêver. Et puis, on attaquait toujours mieux lorsqu'on était debout et à l'affût. Enfin, en général. Oui, bien sûr, pour Violette, la possibilité d'une bagarre n'était pas à exclure. Après tout, c'était un vampire qu'elle avait face à elle. Et la haine et les préjugés qu'elle avait contre eux étaient bien réels. Bien entendu, même si Eucalysta avait l'air plus inoffensif que les autres, il n'empêche que Violette ne pouvait pas savoir qu'il n'entretenait pas d'idéaux sanguinaires comme ce qui leur servait de chef. Elle ne lisait pas dans les pensées, elle. Mais passons. L'air hautain et fier, comme elle l'avait très souvent, Violette redressa la tête et fixa son vis-à-vis en haussant un sourcil, et répliqua alors d'un ton sec :

- Je ne te le rends pas, vampire.

Ce qui était une façon comme une autre pour une fille comme Violette de dire bonjour, me direz-vous. Mais bref. Vouvoyer le vampire inconnu au bataillon ? Hors de question. Ce genre de marques de respect n’était pas digne de ces espèces de suceurs de sang que la blondinette avait en horreur. Après, c’était une question de goût. Ou d’éducation. Quoique, même si Violette avait reçu une très bonne éducation, il n’empêche qu’elle ne s’en montrerait pas plus polie et aimable envers les gens qu’elle méprisait. Soyons logique. Inclinant légèrement sa tête pâle du côté, Violette enchaîna, l’air encore plus hautain si c’était possible, indifférente au fait que son vis-à-vis ne l’avait pas agressée le moins du monde :

- Qu’est-ce que tu veux ? Le don du sang, c’est du côté des humains que çà se passe.

Oui, bien sûr, n’importe qui avait bien le droit de se balader sur la plage à l’aube d’une journée comme la lycanne elle-même le faisait, tout comme les vampires n’allaient pas constamment se servir aux gorges des humains du village, mais bon. On lui pardonnera son sale caractère et ses propos aussi agressifs que quotidiens, hein.

Vampire.

Comment un simple mot pouvait-il être rongé par tant de haine, appuyé par tant de mépris ? Certes, Eucalysta n'avait pas rencontré que des gens qui l'appréciait - même s'il était rare qu'il fûsse haï. Mais jamais il n'avait rencontré quiconque qui semblait le haïr à ce point. A cette idée, il perdit son charmant sourir et baissa les yeux. Ce pendant, il ne jugea pas que Violette avait trot. Non, les vampires aviaent peut-être fait quelque chose d'affreux à la jeune femme... Ou alors, elle suivait la coutume de haine entre les deux éspèces. Quel que soit la raison de cette haine, et bien qu'il n'ait rien fait pour la mériter aux yeux de la jeune fille, il l'acceptait. Après tout, il avait déjà tué des hommes pour se nourrir, il était donc un monstre. Il était ainsi totalement " normal" qu'il soit puni. Oui, telles étaient les pensées d'Eucalysta à cet instant. Et l'attitude de Violette les lui confirmait.

Vampire.

C'était ce qu'il était, et il devrait normalement haïr Violette, de cet simple fait. Mais Eucalysta ne se fiait jamais aux préjugés, ou presque. Disons qu'il était vraiment très rare qu'il fasses attention à ce qu'on lui disait sur telle ou telle personne... Ce qui pouvait se retourner contre lui, par ailleurs, puisqu'on pouvait ainsi plus aisément l'embobiner. Mais peu lui importait. Il attendait pour se faire une image des loups d'en rencontrer un, et il semblait qu'il en aurait l'occasion en ce jour. Il n'était pas tombé sur la plus aimable, mais au moins il pourrait voir toute l'étendue de la haine que les lycans éprouvaient envers les vampires... Enfin, alors que celle-ci s'était relevée, le vampire, pour montrer vraiment qu'il était totalement innofensif, qu'il ne lui voulait aucun mal, s'avança un peu vers le bord de mer et s'assit dans le sable. Après tout, ce n'était que cela qu'il souhaitait... Profiter de la mer.

Toutefois, il jugea necessaire de mettre quelques points aux claires avec Violette, et, un regard mi-douloureux - disons qu'il ne montrait pas toute l'étendue de sa peine et de ses remords - posé sur celle-ci, répondit à sa question d'une voix douce, faisant comme si elle ne le méprisait pas alors qu'il le savait bien, elle devait le considérer comme un moins-que-rien..

" Je ne souhaite pas tuer d'humains. Quand à ma présence ici... Une promenade, tout simplement... "

Il ne lui retourna pas la question. Le vampire blond était intelligent malgré son imense naïveté et savait parfaitement que ce n'était pas une chose à faire : au mieux, elle ne lui répondrait pas, au pire, elle l'agresserait encore verbalement.

O

h mais même si on ne lui retournait pas une question, cela n'empêcherait pas notre lycanne d'agresser verbalement de nouveau et sans raison notre ami vampire. C'était dans sa nature, après tout. Mais reprenons.

Lorsque le vampire s'approcha de l'étendue d'eau pour s'asseoir sur le sable un peu comme Violette quelques instants plus tôt, cette dernière haussa un sourcil, l'air sceptique. Allons bon, ce vampire était-il stupide ou trouvait-il juste tout à fait normal de s'asseoir alors qu'un loup-garou se trouvait en face de vous ? A moins qu'il soit juste inconscient. Ou légèrement dérangé, allez savoir. Enfin bon, sur le coup, Violette le regarda bizarrement, mais sans se départir de son air peu avenant non plus. Sur le coup, elle pensa alors furtivement qu'il aurait été diaboliquement simple de se jeter dans le dos de la sangsue pour lui faire mordre la poussière, juste histoire de. A moins qu'il ne réagisse à temps avec les incroyables réflexes propres à la race vampirique, un peu comme ceux des lycans, ce serait vite joué. Mais bon. C'était peut-être un piège, allez savoir. On pouvait s'attendre à tout avec ces suceurs de sang. Dans l'esprit de Violette, du moins. La jeune fille resta donc campée sur ses deux jambes, tout en fixant la nuque du blond d'un regard noir, jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche pour prononcer quelques paroles.

Il ne « souhaitait pas tuer d‘humains », le pauvre coco ? Mais oui bien sûr. A ces mots, Violette ne pu s'empêcher de ricaner, ce qui illustrait bien ce qu'elle pouvait penser des vampires en général, si on ne l'avait toujours pas compris. Mais bon. La haine, c'était un fil conducteur, quelque chose de concret sur lequel on pouvait s'appuyer. On ne pouvait pas s'en départir comme cela, surtout si l'on n'en avait aucune envie. La jeune fille écouta cependant le blond jusqu'au bout. Il ne prononça pas un long discours, de toutes façons, juste quelques mots d'une voix douce et calme, tout en la regardant sans animosité. Sa présence ici était due à l'envie de faire une petite balade ? Quand je vous disais que les promenades étaient autorisées pour tout le monde, tiens. C'était vrai, mais cela, Violette s'en fichait bien, comme vous avez certainement du le comprendre. La lycanne aux longs cheveux blonds haussa de nouveau un sourcil, l'air plus hautain encore, et se contenta de répliquer toujours sur le même ton sarcastique :

- Une promenade, hein ? Bien sûr. Et çà vous arrive souvent à vous, les buveurs de sang, de profiter de ce genre de balade pour venir saluer vos ennemis héréditaires ? A moins que tu sois le seul à être aussi idiot, peut-être ?

Quand je vous disais que rien n‘empêcherait notre Violette d‘agresser verbalement un vampire qui ne lui avait strictement rien fait à part lui dire bonjour, ce n‘était pas pour des prunes. Il faudrait s‘y faire. A moins peut-être de l‘assommer, au risque de la foutre dans une rogne encore plus implacable par la suite.

Le ricannement de Violette fit fermer les yeux à Eucalysta, qui se retourna vers la mer après qu'il ait dit ce qu'il avait à dire. Pourquoi il avait fermé les yeux ? Parce qu'il ne jugeait pas nécessaire que la louve voit qu'il partageait presque totalement le mépris qu'elle éprouvait à son égard. Non, car même s'il ne voulait pas se la mettre à dos - et qu'il avait bien compris qu'il l'avait fait en étant simplement ce qu'il était, un vampire -, il ne voulait pas non pls attirer sa pitié, lui montrer à quel point elle avait raison de le mépriser comme elle le faisait... De le haïr... Non, il garderait ces sentiments pour lui. Quand bien même il devrait en souffrir. De toute façon, il avait l'habitude de garder ce qu'il ressentait pour lui. Sauf que là, c'était plus difficile : il ne pouvait pas lui accorder de grands sourires pour la tromper, de crainte qu'elle croit qu'il se moquât d'elle. Non, il se contentait donc de la regarder le moins possible, en restant le plus impassible qu'il le pouvait. En essayant, non sans peine, de cacher ses remords. C'est à ce moment, en l'écoutant déverser son venin sans broncher, qu'il se rendit compte que les sourires qu'il adressait à tous pour leur signaler qu'il allait bien, qu'il n'avait pas de problèmes, lui étaient indispensables. Cette couverture de bonne humeur lui était quasiment nécessaire à ce qu'il vive. Malheureusement, il ne pouvait l'utiliser avec la louve.

C'est de ce fait qu'il se demanda que répondre à la question de la blondinette, ignorant quelle attitude adopter. Il hésitait entre plusieurs solutions, en réalité. Il y avait parmi lesdites solutions deire à Violette ce qu'elle voulait entendre. Mais que préférerait-elle ? Qu'il lui dise qu'il était stupide, ou que sa race entière était à damner ? Finalement, après un léger silence et avoir vaguement tracer quelque chose dans le sable, des traits aléatoires, il pensa qu'il lui valait mieux être sincére. Lui dire la vérité, au moins en partie, valait sans doute mieux. Car il ne pensait pas que sa race entière était à damner, mais lui et seulement lui. Oh, il ne doutait pas que certains d'entre les siens étaient bien plus monstrueux qu'il l'avait été, mais il pensait qu'il n'avait absolument aucun droit de jugement sur les autres vampires. Non, levant une nouvelle fois les yeux vers elle après avoir effacé d'un grand geste de sa main si pâle, éparpillant les grains de sable un peu partout et en recevant quelques uns sur son manteau, il prit la parole, d'une voix toujours aussi douce, mais peut-etre légèrement douloureuse.

" Je dois effectivement être le seul suffisament sot pour penser à me construire une propre image de vous, louve. "

Contrairement à ce qui pourrait être pensé, son dernier mot n'était pas accentué, et sa voix était toujours aussi douce quand il le pronnonça. Mais peut-être qu'il ferait aussi mal que le "vampire " de Violette. Peut-être qu'il y comprendrait sa peine, qu'il n'était pas comme elle s'imaginait les vampires... Ou peut-être qu'elle l'ignorerait, ou pire, le prendrait comme une provocation. Mais la provoquer n'était pas le but du blond qui, déjà, chassait les quelques grains de sable qui s'étaient nichés dans son si préçieux manteau.

Violette observa sans ciller les gestes de la main du vampire, qui traçait des choses sans réel intérêt sur le sable fin du doigt avant de répondre à l'attaque verbale de la jeune fille. Il était toujours assez énervant de constater que tous dans les gestes de ces suceurs de sang transpirait de grâce et de délicatesse. Tout comme les traits de leurs visages, leurs apparences. Mais justement, il ne fallait jamais se fonder sur les apparences, car dans le cas de ces chères sangsues, elles étaient diaboliquement trompeuses. En un rien de temps, ces créatures à l'apparence délicate pouvaient planter leurs crocs dans la chair tendre d'un coup pour s'abreuver de sang, il ne fallait jamais l'oublier. A vrai dire, si Violette n'oubliait jamais ce détail, elle évitait par contre de s'attarder sur les apparences des vampires, tout simplement parce que celui lui rappelait les remarques qu’on avait déjà pu lui faire sur le fait que physiquement, elle ressemblait à ces espèces de sangsues. Ce qui ne lui plaisait pas du tout, vous pouvez vous en douter. Mais c’était un fait. Bref, Violette évitait donc d’y penser le plus possible, et préférait garder l’image réelle - ou plutôt celle qu’elle voyait - des vampires, soit tout simplement les ennemis naturels de sa propre race.

La blondinette haussa de nouveau un sourcil aux nouvelles paroles de son vis-à-vis, cette fois légèrement perplexe en plus d’être agacée. Allons bon, ce vampire là ne lui disait rien dans sa manière de s’exprimer. Il cherchait les ennuis ou quoi ? Ah là là, quelle psychologie compliquée… C’était limite si Violette n’aurait pas plutôt préféré qu’il se mette en colère ou qu’une joyeuse joute verbale s’enclenche - cela faisait toujours un bien fou. Si l’appellation « vampire » de la blondinette était acerbe, le « louve » du vampire était lui prononcé d’une voix tout aussi douce que ces dernières paroles. Ce qui n’empêcha pas notre Violette de froncer encore un peu plus les sourcils, et de poser ses mains sur ses hanches en soupesant son interlocuteur d’un regard à la fois meurtrier et soupçonneux. Bon, qu’est-ce qu’il voulait à la fin, ce suceur de sang ? Elle n’allait pas se taper la discute éternellement, non mais. Elle était là pour être au calme, d’abord. Bon, pour le calme, on repasserait, hein. Se construire une propre image d’elle ? Et bien, s’il avait du temps à perdre, c’était son problème. Et puis franchement, ce n’était pas comme si notre Violette s’en souciait un tant soit peu.

Non, pour le moment, tout ce qu’elle trouva à faire, ce fut de répliquer d’un ton sec, toujours campée sur ses deux jambes, avec un mouvement du menton :

- Violette.

Pourquoi donnait-elle soudainement son prénom, me demandez-vous ? Et bien tout simplement parce que son vis-à-vis venait de l’appeler « louve ». Elle répliquait donc de manière très logique en donnant son nom. Question d’éducation, peut-être - quoique la lycanne perdait quasiment toutes ses bonnes manières en présence de vampires ou d’éléments perturbateurs, - ou juste de bon sens. Après tout, c’était toujours plus agréable de se faire appeler par son nom que par une appellation du genre « louve ». Non ? Oui, je sais, cette chère jeune fille pouvait se montrer plutôt égoïste parfois, vu que de son côté, elle continuerait certainement d’appeler son interlocuteur par un acerbe et simple « vampire ». Mais bon, comme je le disais, on lui pardonnera. Ou pas. Mais bref. Après un court instant de silence, Violette secoua la tête pour que ses cheveux retombent dans son dos, et ajouta, toujours à l’adresse du vampire et sur le même ton, pour préciser :

- C’est Violette, pas « louve », vampire.

Oui, assez contradictoire, la petite.

Spoiler:

Il serait peut-être interessant de voir ce que pensait Eucalysta de la louve à ce stade de la conversation - car oui, il ne pensait plus à se faire une image des loups en général mais bien de Violette, uniquement Violette, puisque, après tout, tout le monde était différent. Allons-y franchement, il ne la comprenait pas. Certes, les vampires pouvaient avoir fait quelque chose d'effroyable à la blondinette, mais cela n'empêchait pas qu'il n'avait ren à voir avec cette histoire... Toutefois, il ne jugeait ni ne critiquait Violette : après tout, elle avait de toutes façon raison de le mépriser ainsi - il était un monstre, à son idée, ne l'oublions pas. Et puis, même en excluant le fait qu'il se nourisse de sang, il avait tué... Commis des meurtres effroyables. Certes, de nombreux vampires avaient fait bien pire et certes, il n'avait jamais eu l'intention de tuer.... Mais ce qui était fait était fait, et Eucalysta ne fuyait pas sa culpatbilité.

Contemplant l'horizon, son expression se durcit à l'évocation de ces souvenirs. Non, il était inutile qu'il y pense maintenant... Il valait mieux qu'il se concentre sur autre chose. N'importe quoi. Une corde de sortie pour son puit de détresse. Malheureusement, la seule personne présente était Violette, qui était tout aussi disposée à le secourir qu'Eucalysta à demander de l'aide. Tant pis. Il se concentra alors sur les paroles de la jeune Louve. Violette, hein... Visiblement, elle n'avait pa apprécié qu'il l'appelle "Louve". Bien, il s'en souveindrait, tout comme il se souviendrait du prénom de la demoiselle. Jugeant qu'il était plus poli qu'il se présente à son tour, il lui fit un pâle sourire, léger, ce genre de sourire purement poli qui n'engageait rien, avant de reprendre, avec les mêmes mots qu'elle :

" C'est Eucalysta, pas "vampire", Violette. "

Toujours sur le même ton doux et poli. On pouvait franchement se demander pourqui il alimentait cette converation qui semblait ne mener à rien, ou rien de bon pour le vampire. Bien simple, il ne souhaitait pas se terrer dans le silence et dans le désespoir de ses vieux souvenirs... C'était certainement pour cela qu'il avait repris les même mots qu'elle : il pensait qu'ainsi, peut-être, elle réagirait - pas forcément bien, ce qu'il ne mesura qu'après avoir parlé - et qu'elle ne l'abandonnerait pas au silence. En même temps, il pensait qu'il pourrait être interessant de voir comment elle réagirait face à un vampire comme lui, visiblement à des années lumières de ce qu'elle c'était imaginé de la part des buveurs de sang...

Bien sûr, maintenant que Violette venait de donner son nom, il était sûr que le vampire en ferait de même de son côté. Après tout, il ne devait certainement pas particulièrement apprécier que la lycanne l'appelle « vampire » , comme elle-même n'avait pas apprécier le « louve ». Question de pure logique. En tous les cas, le blondinet de vampire usa des mêmes mots que la jeune fille pour donner son nom, ce qui la fit plisser le nez de manière hautaine plus qu'autre chose. Il lui en fallait plus pour lui faire prendre la mouche ou lui rabattre le caquet, c'était sûr. Eucaslysta, c'était çà ? Un prénom peu commun. A tous les coups, un nom qui datait d'une bonne paire de siècles de là. Après tout, la plupart des vampires avaient une longue existence derrière eux. C'était un truc qui dépassait Violette. Non mais franchement, ces sangsues, c'étaient de véritables antiquités, quand on y pensait. Des vieilleries qui avaient déjà fait leur temps et qu'il serait bon de jeter, tiens. Oui, c'était un peu çà, dans l'esprit de Violette. Mais passons.

C'était tout ?

Tout ce qu'avait à dire cet abruti de suceur de sang ? Et bien. Pas très loquace. Enfin, pas que la jeune louve tienne tant que cela à ce qu'une discussion s'installe entre eux deux, mais bon. L'absence de réaction et le ton doux de ce type allait finir par l'énerver sérieusement. Et lui, il ne s'énervait pas ? Ah d'accord, si c'était le genre à laisser glisser toutes sortes d'insultes ou de provocations sur lui sans réagir, comme un roseau, c'était mal parti. En vérité, Violette ne savait même pas vraiment ce qui l'énervait le plus : un vampire parfaitement vampire, psychopathe et provocateur à souhait, ou un vampire qui ne réagissait pas et qui restait doux en toutes situations ? A choisir, Violette préférerait encore le psychopathe. Non parce que comprenez, le manque de réaction, c'était quelque chose de particulièrement irritant. Bon sang, les gens n'étaient pas des larves, jusqu'à preuve du contraire, non ? Alors quel intérêt de faire tout comme en restant si... imperturbable ? Bah. Peut-être avait-il ses raisons, après tout. Il fallait bien de tout pour faire un monde, hein.

Aux paroles du dénommé Eucalysta, donc, Violette prit un air exaspéré en plus de l'air hautain, mais répondit néanmoins un simple et concis :

- Bien.

De toute façons qu’elle l’appelle « vampire » ou « Eucalysta », çà revenait au même, vu que seule une antiquité de buveur de sang pouvait porter un nom pareil. Passons donc ce point. Sur une inspiration subite, et parce que Violette se laissait souvent guidée par son instinct et ses pulsions, la jeune fille blonde décroisa les bras de sa poitrine pour s’asseoir à son tour sur le sable, de sorte qu’elle soit à côté du vampire - mais à une distance plus que raisonnable tout de même, il ne fallait pas pousser. Elle fixa alors un instant la mer et l’horizon avec un air revêche - décidément, elle n’appréciait pas qu’on la dérange dans ses moments de douce solitude - et garda le silence un temps. Mais comme le vampire ne semblait pas vouloir ouvrir la bouche pour parler, pour répliquer, ou pour quoi que ce soit d’autre que sourire de cette manière si stupidement mélancolique ou triste, Violette claqua la langue d’un air impatient et tourna la tête vers le vampire pour lui faire les gros yeux.

- Bon et alors ? Tu comptes t’incruster ou remballer tes affaires et retourner dans la caverne aux chauve-souris ? Parce que si tu choisis de rester, que ce soit bien clair, je ne te proposerai pas de prendre le thé ou de jouer à la dînette. Pigé ?

Avec un peu de chance, lassé du comportement de la lycanne, le dénommé Eucalysta s’en irait une bonne fois pour toutes. Sans se retourner. Mais vu l’étrange spécimen que venait de pêcher notre farouche Violette, ce ne serait certainement pas chose aisée.

» Listes... ou comment enfreindre un maximum de règle en un minimum de temps.
» Identité d'un être pas comme les autres...