♪ Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas ♫ [ Lugh ]

Violette se baladait, pour ne pas changer les bonnes habitudes.

Après tout, le Pacte était passé et elle avait pu se reposer, maintenant, elle était de nouveau en forme pour marcher là où ses pieds la mèneraient. Oui, tout allait bien. Enfin, si on ne comptait pas dans le lot la dernière intrusion de Kae dans son lit, chose qui était restée au travers de la gorge de cette chère blondinette. Ni non plus cette insupportable humaine avec qui elle s'était battue la dernière fois au port. Non, après réflexion, peut être que tout n'allait pas si bien en ce moment. Comme si tous les gens que Violette rencontraient faisaient exprès de l'énerver pour qu'elle sorte de ses gonds. Incroyable, non ? Enfin non, peut être pas si incroyable que çà. Après tout, les habitants de cette île étaient bien connus pour ne pas être des simplets à la gentillesse des plus niaises, et Violette restait une lycanne impulsive au sale caractère, la plupart du temps. Alors, forcément ...

Mais bref.

Aujourd'hui, enfin pour l'instant, Violette était seule et elle profitait de cette bien heureuse solitude. Elle n'avait pas éprouvé d'envies particulières de rester au village, cet après-midi là, alors après réflexion, elle avait prit la décision d'aller se dégourdir les jambes. Où çà ? Oh, dans la forêt, bien entendu. C'était le terrain le plus propice aux promenades. Enfin, surtout quand on est un loup-garou. La miss était donc partie seule, sous sa forme humaine, pour marcher un moment au travers des arbres et des sentiers. Tout respirait le calme. Cela faisait du bien. Le temps était assez frais, mais en lycanne qu'elle était, Violette n'éprouvait aucune gêne à ce que le froid de la brise ne vienne lui chatouiller le visage ou les cheveux. Après tout, ce n'était pas comme si elle risquait d'attraper froid, avec la température de loup-garou qu'elle se coltinait.

Un pas, deux pas, trois pas.
Et on passe devant un arbre, puis à côté d'un autre.

Le truc, dans une forêt, c'est qu'au bout d'un moment, le paysage lasse. Des arbres, des branches, des feuilles, des arbres, des branches, des feuilles ... Voilà quoi. Enfin, chacun ses goûts, mais Violette, généralement, ne s'éternisait jamais trop sous le couvert des arbres, et préférait aller faire un tour au lac. Mais aujourd'hui, elle n'avait pas très envie d'aller faire trempette. En fait, elle n'aimait pas vraiment se baigner. C'était une activité d'humains qui ne lui faisait ni chaud ni froid, en vérité. Très intéressant, n'est-ce pas ? J'avoue. Passons. Après avoir suffisamment crahaputé dans la forêt, la jeune fille aux longs cheveux blonds finit par revenir sur ses pas, et atteignit plutôt rapidement l'orée du bois, les mains enfoncées dans les poches de son gilet. Ce fut là qu'un craquement - de brindilles, peut-être - retentit soudainement, annonçant l'arrivée de quelqu'un aux oreilles de la lycanne. Elle n'eut même pas à relevé les yeux tout de suite pour identifier un autre membre de la meute. Quand elle les leva, elle pu alors constater que c'était Lugh qui arrivait. Oui, Lugh, le Lugh bien connu des autres loups, l'inséparable ami de ce cher Kae. Génial. Comment dit-on déjà ? Ah oui. Il faut se promener dans les bois pendant que le loup n'y est pas.

Invité

Il l’avait vue sortir du village de son pas nonchalant et guilleret qui définissait si bien la démarche délicate des filles, mais il n’avait pu la suivre immédiatement ; Kae était en proie à une crise d’angoisse existentielle basée sur les épis incongrus de sa chevelure, et il avait fallu l’aider à aplatir ses fiers et adorés de ses cheveux. Bref, Lugh avait raté sa cible aussi bêtement qu’il l’avait fait, ces derniers jours : la fois où elle était allée au lac, mais que Mugetsu avait voulu qu’ils jouent au poker ; la fois où elle était partie se promener vers le village, mais que Leah lui avait demandé un rendez-vous intempestif ; la fois où elle avait décidé de se balader vers le Temple, mais que Kae l’avait gardé près de lui pour geindre de l’indifférence de la blondinette.

Cette fille avait tout de même un problème avec les promenades en solitaire ; humant l’air venteux, il avait retrouvé sa trace à l’orée du bois, et s’était transformé en loup pour la suivre plus vite, accélérant entre les arbres et les voyant passer en floues et belles images colorées comme un tableau impressionniste. Il faisait craquer les brindilles et les feuilles mortes de l’automne sous son poids et ses lourdes pattes douces ; il devait lui parler. Il devait lui parler avant que sa divine et habituellement désabusée santé mentale n’en pâtisse, et qu’il devienne ce ridicule lycan aux yeux dilatés par l’amour insatisfait qu’était déjà Kae ; et puis, Violette et lui s’entendaient plutôt bien, en dehors du fait qu’elle était susceptible et qu’il aimait l’agacer. Il avait de l’estime pour elle – vu le corps que se trimballait Kae, ne pas le violer avant qu’il ne vous fasse des avances était un exploit en soi. Et sa violence lui avait permis, malgré sa féminité, d’avoir une place à part entière dans la meute, une place non négligée ; bref, elle avait son affection et son respect, même si elle n’en avait pas conscience.

Oh, et puis, qui n’avait pas son respect avec une silhouette pareille ?... Elle avait des hanches et un buste à damner un buveur de sang. Sûr que si elle avait voulu se taper Caméo, il lui aurait sauté dans les bras sans même faire attention à son odeur de lycanne. Mais bon ; il n’était pas sensé mater sa chute de reins alors qu’elle était étiquetée « Proie de Kae ».

Il la vit entre les arbres et la réalité prit la place de l’image qu’il gardait dans son esprit : quel adorable gilet ! Il lui faisait une taille absolument divine ; il se transforma, près d’elle, à peine séparé de sa mauvaise humeur par deux ou trois branches ; le vent caressa sa peau nue, enjôla la forme de ses épaules et la grisaille d’automne glissa doucement sur sa nuque et ses reins. Il croisa son regard à cet instant, et hissa sa besace de cuir sur son épaule. Il eut un rictus sarcastique et en oublia même sa soif d’informations, ne pouvant résister à la moquerie.

-Vio, mon chou, pourrais-tu te retourner pendant que je m’habille ? Voyons, ne reste pas plantée là, je ne suis pas si hypnotique, si ?

Ainsi, Lugh devait à peine avoir retrouvé sa forme humaine. Peut-être qu'il se trimballait dans les parages sous sa forme imposante de loup depuis un moment, mais Violette ne s'en était même pas aperçue. Il faudrait qu'elle pense à arrêter de couper toutes communications sensorielles avec le monde extérieur quand elle se retrouvait plongée dans ses pensées. Oui, à marquer sur un post-it et à accrocher sur le frigo, histoire d'y penser. Mais pour le moment, on s'en fichait quelque peu car Lugh adressait la parole à la blondinette, avec un rictus sarcastique qu'il avait tendance à afficher aussi souvent qu'il pouvait respirer :

- Vio, mon chou, pourrais-tu te retourner pendant que je m’habille ? Voyons, ne reste pas plantée là, je ne suis pas si hypnotique, si ?

Oh quiconque connaissant un tant soit peu Lugh ne s'étonnait plus de ce genre de remarques. C'était un peu sa manière de dire bonjour, voyez-vous. Bref, Violette ne prit donc pas la mouche, elle préférait hausser les sourcils d'un air blasé. Déjà qu'elle n'appréçiait pas vraiment qu'on la surnomme ' Vio ' - elle ne savait même pas vraiment pourquoi, mais elle n'en faisait pas toute une histoire non plus -, alors je vous laisse imaginer le ' mon chou '. Mais encore une fois, notre Violette connaissait sufisamment l'autre loup pour ne plus s'étonner de ce genre de choses. Elle fit donc mine d'hausser les épaules, en levant les mains en l'air, et se retourna d'un pas souple.

- Oh pardon, mais ta stupidité est telle que j'en suis resté figée, toutes mes excuses.

L'ironie et le ton sarcastique allait peut-être également devenir le salut officiel de la jeune fille blonde, à force, allez savoir. Oh, là, ce n'était pas vraiment méchant, c'était juste ... un renvoi de balle ? Oui, voilà, un peu comme au tennis ou au ping-pong, où il était toujours beaucoup plus intéressant de jouer que de regarder. Bref, Violette posa une main sur ses hanches en attendant patiemment que Lugh ne s'habille, le dos tourné, en posant un regard blasé sur le tronc des arbres qui se dressaient devant elle. Après quelques secondes de silence, la lycanne prit la parole, pour poser une question. Même si elle tournait le dos à l'autre loup, il n'empêche qu'on entendait bien sa voix.

- Qu'est-ce que tu fais par ici, au juste ?

Demander des nouvelles, c'était peut-être déjà un peu plus civilisé.
Mais ce n'était pas comme si Violette éprouvait véritablement le besoin d'être polie en toutes circonstances - il y avait des gens avec lesquels cela ne servait strictement à rien -, disons juste qu'elle s'informait, tout simplement.

Invité

Lugh enfila son jean et une chemise, et écouta la jeune louve parler dans le vide – sa stupidité, bah, il connaissait la chanson, Leah avait la même, cela n’empêchait aucune des deux de l’adorer en secret ; après tout il était fiable, drôle, respectueux et spirituel (ainsi que sexy en diable). Il attirait l’affection de ces jeunes filles comme du miel attire les mouches : ou une métaphore dans le genre ; il se tourna vers Violette et remarqua sur ses traits l’agacement léger qu’avait provoqué son salut : ah, cela devait être à cause du « Vio ». Ou alors du « Mon Chou ». Ou peut-être de la connotation conférant à sa nudité. Bah, de toute façon, toute marque d’affection ou de léger érotisme braquait la coincée petite Violette – voilà donc pourquoi elle n’avait pas sauté sur Kae pour lui arracher sauvagement ses vêtements. Parce qu’elle en serait physiquement capable, cette adorable petite.

Il lui mit la main sur l’épaule pour qu’elle se retourne, et, dans son geste, elle déclara d’une voix qui lui sembla neutre, voire revêche :

- Qu'est-ce que tu fais par ici, au juste ?

Il hésita ; il pouvait la charier jusqu’à ce qu’elle le lâche brusquement d’un air agacé en poussant une gueulante, ou entrer tout de suite dans le vif du sujet ; après tout, il avait échoué pour la voir seule à seul plusieurs fois, et il était plus prudent de ne pas foutre en l’air ses chances ; il regarda le joli visage pointu et la gorge longue, les yeux ambrés et la chevelure de soleil, et pencha la tête sur le côté ; il fouilla dans sa poche de jean, et se rappela soudain qu’il n’avait plus de cigarettes. Oh, merde : il détestait se frotter aux chevilles du passeur pour des malboros. Il eut un soupir d’agacement, et releva son regard bleu gris sur la jeune fille ; il lâcha d’une voix désinvolte et moqueuse, pour désamorcer la tension qui s’accumulait sur ses épaules, et sa nuque. Il agrémenta sa réplique d’un sourire aimable :

- Je te cherchais.

Hm, il risquait de passer pour un deuxième Kae (en moins coquet peut-être) ; il s’esclaffa légèrement et sourit à Violette ; il imaginait déjà son étonnement ; il s’adossa à l’arbre derrière lui et imagina sa réaction : elle serait certainement similaire à celle de Lykeios. Quand il parlerait de cette fille… Lugh n’était pas le genre de garçon à s’arrêter sur « une » individue. Non, il parlait toujours au pluriel : «les filles », « mes amantes », « mes proies », « les lycannes » ; alors, il était évident que Violette sentirait la différence ; il n’avait aucune envie de mettre en valeur cette soudaine obsession, cette soudaine faiblesse ; il soupira et tritura son paquet vide de clopes, dansa d’un pied sur l’autre, sans pourtant se départir de son air arrogant. Il tapota son menton de ses doigts fins et ajouta :

- Je mène une petite enquête, en fait. Sur une fille.

Voilà, c’était dit.

- Je te cherchais.

Ah bon ?

Et bien, çà, on pouvait dire que c'était étonnant. A moins qu'il voulait se la jouer aussi collant que Kae, allez savoir. En tous les cas, un seul, c'était déjà largement assez épuisant comme cela pour les nerfs, alors, franchement, un deuxième, vous imaginez. Mais bon, pas de plans sur la comète, Lugh pouvait très bien chercher Violette simplement pour lui parler. Ce qui serait assez étonnant en soi d'ailleurs : Lugh cherchant quelqu'un - une fille de surcroît - simplement pour lui parler. La lycanne en aurait presque rit. Mais pour le moment, elle n'avait pas très envie de rire, elle se contentait de regarder les yeux bleus-gris de son interlocuteur du même air blasé qu'elle affichait depuis le début de la conversation, attendant sans commentaires la suite, car suite forcément il devait y avoir. Et effectivement, alors que Lugh se mettait à tripoter son paquet de cigarettes visiblement vide, la suite arriva, pour le moins des plus surprenantes :

- Je mène une petite enquête, en fait. Sur une fille.

Oh le fait que Lugh s'intéresse aux filles était loin d'être étonnant - il ne devait penser qu'à çà en vérité -, non, ce qui était plus étonnant, c'était qu'il parle d'« une » fille. Une en particulier. Cela, c'était tout de suite beaucoup plus surprenant, à moins qu'il ait une idée aussi tordue que perverse derrière la tête, allez savoir. Toujours est-il que Violette ne pû s'empêcher d'hausser un sourcil de surprise non feinte, en esquissant un sourire légèrement narquois.

- Pardon ? Une enquête sur une fille en particulier ? Cà, c'est un scoop.

N'est-ce pas ?

Depuis quand Lugh ne mettait-il plus toutes les filles dans le même sac, soit étiqueté « toutes bonnes à sauter » ? Alors comme çà, il y en avait une qui sortait peut-être du lot pour lui ? Bah, allez savoir. En tous les cas, cela avait le mérite d'être intéressant, et de titiller la curiosité de notre jeune Violette. Celle-ci n'ajouta rien tout de suite, préférant attendre quelques instants, histoire de laisser planer le petit effet d'un tel scoop. Puis elle pencha légèrement la tête du côté, perdant son sourire moqueur, pour demander :

- Et alors, cette fille, c'est qui ?

En gros, en posant cette question, elle montrait qu'elle voulait bien répondre à l'enquête de Lugh.
Pour une fois qu'elle était de bonne humeur.

Invité

Elle eut, comme il l’avait prévu, l’air surprise. Il soupira et haït légèrement son air sarcastique : cette fille était bien comme Kae, finalement. Même réaction, même clairvoyance : quand ils auraient un tas de petits louveteaux répugnants, il dirait non au parrainage. Trop perspicaces et trop chiants à supporter, ce genre de personne.

- Pardon ? Une enquête sur une fille en particulier ? Cà, c'est un scoop.

Sans blague ? Merci, Violette. Il était au courant, il se liquéfiait de honte, maintenant ; il détestait lui donner le droit d’ironiser : elle jouait sur son territoire, désormais, avec le sarcasme affectif, et il se sentit brièvement démuni. Le petit air insolent de Violette lui donnait envie de geindre sur son épaule pour exorciser sa faiblesse – il n’y croyait pas. Lui, l’éternel tombeur, pire que Mugetsu, meilleur que Kae, réduit à aller mendier des informations à une fille qui se servirait de ses confidences pour le mépriser : soudain, Violette ne lui semblait plus si facile à cerner et il ne trouvait plus de moqueries pour la qualifier ; non, elle était supérieure, elle avait le pouvoir dans cette conversation et il détestait sa propre soumission à elle, à son savoir indispensable. Il fallait qu’elle accepte de l’aider ; ou il le jurait pour lui-même, il ne profiterait pas de son sommeil pour la câliner tendrement, mais plutôt pour couper toute sa tignasse couleur d’été.

Un scoop… c’était probable, le mot était exact. Une nouvelle fois, il se remémora la seule image qu’il avait d’elle, et sa vision resta fixée sur les longs cheveux crépusculaires et la peau de glace ; oui, plus il y pensait, et plus il se doutait qu’elle était humaine. Ah, il était dans de beaux draps : Leah désapprouverait, de toutes façons. Et puis, depuis quand appréciait-il les humaines ? Voilà qu’il reparlait au pluriel ; il se dit une nouvelle fois, pour se rassurer, que peut-être elle n’était pas jolie de près, peut-être qu’elle était idiote et chiante : ce serait la solution. Obsession, fascination, exorcisée, purgée. Un bonheur pour son orgueil démesuré.
Il leva les yeux vers Violette, presque suppliant, et se promit d’abolir cette expression pitoyable de son registre facial, après ça ; mais elle penchait déjà sa jolie tête de chieuse sur le côté et lâchait, lissant son sourcil arqué :

- Et alors, cette fille, c'est qui ?

Ah.

Elle acceptait de l’aider ; il sentit frémir sur ses lèvres un soupir de soulagement, et rempocha son paquet de cigarettes défoncé ; il eut un franc sourire, éclairé et lumineux, presque incongru sur son visage toujours sombre et insolent, et mordilla sa lèvre pour s’empêcher de glousser comme un gosse qui se voit proposer la console de jeux de ses rêves ; il hocha la tête et croisa, décroisa ses doigts ; impulsivement, il prit Violette par les épaules, et commença à avancer entre les arbres pour endiguer sa fébrilité et son enthousiasme : les mouvements lui faisaient du bien. Il tourna le visage vers elle et la regarda, un éclat d’optimisme dans le regard :

- Tu vas pouvoir tout me dire, mon chou : tu l’as rencontrée. Je ne sais pas ce qu’elle est, mais j’opterais pour humaine ; tu te battais avec elle l’autre jour… d’ailleurs, elle te faisait une feinte qui t’a laissé carrément abasourdie.

Il ricana, puis, comprenant qu’il l’agacerait en pointant sa ponctuelle faiblesse, il se reprit et continua (Faire preuve de tact, Lugh.) :

- Oui, bon. Donc, je disais… une fille, toute frêle, une petite nymphe. Rousse, avec des yeux de chats, je n’ai pas vu beaucoup plus, je suis rapidement parti, je devais aider Kadeo pour qu’il se glisse dans ton…

Il grimaça.

- Bref, une nymphette. Elle était trempée, elle était toute en vert…Sur le ponton. Tu vois ? Vio ? Tu vois de qui je parle ?

Sa voix vibrait d’excitation tandis qu’il relâchait prudemment son étreinte autour des épaules de Violette.

Bon, au moins, cette rencontre aurait eut le mérite d'avoir pû voir une expression suppliante et soumise sur le visage de Lugh, ce qui était en soit un autre scoop. Et ben dis donc, il gardait encore beaucoup de surprises de ce genre en réserve, celui-là ? Ce serait intéressant. En tous les cas, notre chère Violette ne devait pas être si mauvaise que cela, car elle ne profita pas longtemps de sa position dominante, poussée par la curiosité de savoir à qui l'autre loup faisait référence. Elle ne protesta pas non plus lorsque le garçon la prit par les épaules pour commencer à marcher, et esquissa même un petit sourire amusé devant l'énergie qui sembla soudainement animer ce dernier. Oui, c'était sûr, on ne voyait pas ce cher Lugh tous les jours comme çà.

- Tu vas pouvoir tout me dire, mon chou : tu l’as rencontrée. Je ne sais pas ce qu’elle est, mais j’opterais pour humaine ; tu te battais avec elle l’autre jour… d’ailleurs, elle te faisait une feinte qui t’a laissé carrément abasourdie.

Le ricanement du loup fit fronçer les fins sourcils de Violette, qui pour un peu, se serait mise à reniffler avec dédain.
Oh oui, elle voyait de qui Lugh voulait parler. Il faisait référence à cette humaine rousse qu'elle avait rencontré sur le port, l'autre soir, et avec qui elle s'était prise le bec. La blondinette se remémorait toute la scène : la dague de la rousse dont elle s'était emparée pour la provoquer, les attaques physiques et verbales qui en avaient suivies ... Rencontre pour le moins intéressante, et qui avait eut le mérite d'égayer une journée des plus ennuyantes. Mais cette humaine, qui se prénommait Louve, restait une fille ... agaçante, aux yeux de Violette. Terriblement. Et elle restait une humaine. Ah là là, pour une nouvelle surprise, c'en était une. Lugh semblait très fort à ce petit jeu.

- Oui, bon. Donc, je disais… une fille, toute frêle, une petite nymphe. Rousse, avec des yeux de chats, je n’ai pas vu beaucoup plus, je suis rapidement parti, je devais aider Kadeo pour qu’il se glisse dans ton...

Tiens, tiens ?
Violette haussa un sourcil, mais ne fit aucun commentaire car le garçon s'empressa de continuer, comme par hasard. Bah, elle saurait retenir que Lugh avait aidé ce cher Kae à se glisser dans son lit en pleine nuit, ne vous inquiétez pas pour çà. Mais bref, ne parlons pas de choses qui fâchent tout de suite.

- Bref, une nymphette. Elle était trempée, elle était toute en vert…Sur le ponton. Tu vois ? Vio ? Tu vois de qui je parle ?

Oh oui, elle voyait parfaitement.
Violette poussa un petit soupir.

- Oui, je vois qui c'est. Une humaine, effectivement. Terriblement agaçante. Et qui éprouve plus d'affection pour son stupide couteau que pour n'importe qui d'autre. Et qui déteste les monstres dans notre genre, évidemment.

Comme beaucoup d'autres humains, vous me direz.
Violette se tourna vers son interlocuteur.

- Elle s'appelle Louve.

Marrant comme prénom, lorsqu'on savait que l'humaine qui le portait détestait les loups-garous. Pratique pour lancer des piques bien senties, mines de rien. Mais bref. Ce n'était qu'un prénom. Et la courte description que Violette avait dressée de la rouquine était bien entendu parfaitement subjective, on pouvait s'en douter. La lycanne blonde, après un court moment de silence, poussa un nouveau soupir et ferma un instant les yeux.

- Leah va te tuer.

Car Louve était une humaine.
Certes, ce n'était pas une suceuse de sang, mais elle restait une

, après tout.

Invité

Spoiler:

Il grimaça en entendant la dernière réplique de Violette – et même si sa description amère de fillette blessée dans son orgueil par le fait que Louve (quel étrange prénom…) avait réussi à lui mettre sa main dans la figure, lui plaisait, il devait admettre qu’elle avait raison.

Il imprima le mot à son esprit, et y calqua l’image. Louve. Jolie fille rousse en vert, mouillée. Louve. Hum, c’était bien, Louve. Lugh et Louve, Louve et Lugh.
BREF. Il secoua violemment la tête et regarda devant lui, horrifié : bon sang, il commençait réfléchir comme l’autre mièvre de base ! Bientôt il graverait leurs initiales sur un arbre ! Hors de question : il ricana vaguement, retrouvant contenance, et dit simplement :

-Depuis quand Leah m’empêche de sauter des humaines ? C’est pas parce que cette fille est une bombe que je dois me liquéfier à ses pieds, ma chérie. Ne t’inquiète ni pour l’humaine, ni pour Leah : je ne suis pas le genre de mec à tomber sous le charme d’une folle furieuse.

Son regard glissa sur elle, amicalement moqueur, et il lui décocha un rictus sans équivoque ; il piqua un petit baiser sur sa joue, emporté par un élan d’affection reconnaissante, mais se reprit : il ne voulait pas qu’on croit qu’il allait enfin devenir transi et doux comme leur « ami » commun ; il dévia le sujet, décidé à ce que Violette oublie rapidement leur échange peu commun, en ce qui concernait l’humaine rousse ; la douce euphorie qu’il ressentait devait restée en lui, et non pas éveiller les soupçons de son entourage : une étincelle brilla dans son œil espiègle et il lâcha, guilleret :

-Et avec Kae ? Comment s’est passé votre douce réunion nocturne ? , fit-il avec une tendresse feinte, ronronnant lentement ses interrogations, sûr de briser toutes pensées méfiantes de la jolie tête blonde de Violette ; il attendit de voir son expression s’altérer, amusé, mais ne lâcha pas ses épaules.

Elle l’avait aidé, et puis, il l’aimait bien – il fallait bien qu’il s’habitue au fait qu’elle serait la mère de ses futurs filleuls.

Spoiler:

- Depuis quand Leah m’empêche de sauter des humaines ? C’est pas parce que cette fille est une bombe que je dois me liquéfier à ses pieds, ma chérie. Ne t’inquiète ni pour l’humaine, ni pour Leah : je ne suis pas le genre de mec à tomber sous le charme d’une folle furieuse.

Et oh, cette dernière remarque, elle devait la prendre pour elle ?
Oui, à tous les coups, oui, vu le rictus moqueur que Lugh afficha suite à cela. Oh, franchement, elle n'était pas une

, si ? Enfin, elle n'avait pas l'impression ... Bon d'accord, elle avait son caractère, qui n'était pas forcément très agréable tout le temps, mais elle n'était pas pour autant une

. D'accord, elle avait peut-être un peu trop tendance à réagir par la violence, en distribuant plus de coups qu'elle ne disait bonjour, mais il fallait dire qu'elle n'agissait pas non plus de cette manière avec tout le monde. C'était surtout ce pauvre Kae qui se prenait la plupart des coups, c'était sûr. C'était à se demander s'il n'avait pas droit à un traitement spécial, et n'était pas franchement un cadeau. Oui, parce que voyez-vous, même si Lugh venait de lui voler un petit baiser amical sur la joue, elle n'en piquait pas une durite, la Violette. Il ne fallait pas abuser non plus, elle n'était pas ... une folle furieuse, oui.

Ensuite, ce cher Lugh demanda, sur un ton guilleret qui fit lever au ciel les yeux clairs de la lycanne blonde, comment c'était passé sa " douce réunion nocturne " avec Kae. Ah ah ah. Oui, parlons-en. Bon, ce qui était sûr, c'était que de cette façon, Violette allait oublier Louve pour un temps, ainsi que le soudain intérêt du garçon pour cette dernière. Pour un temps, seulement, évidemment. Elle n'était pas du style à oublier ce genre de scoops, cela va sans dire. Mais pour le moment, puisque Lugh amenait justement le sujet, parlons de ce cher Kae. Oui, ce très cher et adorable loup qui s'était introduit en douce dans la maison de Violette la nuit dernière, dans son lit plus précisément, alors qu'elle dormait. Oui, c'était sûr, Violette avait mal prit la chose. Je vous disais qu'elle avait son petit caractère. Il ne fallait donc pas s'étonner de la voir révoltée et furieuse face à cette intrusion, et encore plus face aux petits jeux du jeune homme qui avaient tous finis par un coup plus ou moins bien senti. Oui, on pouvait le dire, la miss avait assez mal prit la chose. Mais le contraire aurait été étrange la connaissant, comme il était étrange de savoir que Lugh s'intéressait à une fille en particulier. Donc cela n'avait pas vraiment été une " douce réunion nocturne ", ah çà non. Sa voix se fit ironique et légèrement cassante alors qu'elle répondait :

- Oh, tu veux parler de son intrusion dans mon lit pendant que je poinçais tranquillement sans rien demander ? Cà s'est très bien passé. Enfin j'imagine, vu que Kae n'est pas reparti avec une patte en moins.

Cela avait été limite quand même, sur ce coup-là.
Enfin façon de parler, car même si Violette faisait preuve d'une force considérable lorsqu'elle frappait ainsi, il n'était que peu probable qu'elle puisse priver Kae d'un de ses membres moteurs. Il ne fallait pas exagérer non plus, elle n'était pas forte à ce point. Elle pouvait le mettre au tapis ou lui offrir un beau coquard au Kae, certes, mais il restait tout de même assez difficile de le faire ne serait-ce que reculer lorsqu'il avait décidé de se coller à elle. Assez problématique, d'ailleurs. Mais bon. Notre miss ne voulait plus avoir de nouvelles surprises du genre, parce que là, elle finirait vraiment par péter un câble. Elle ajouta donc, en haussant un sourcil à l'adresse de Lugh :

- Mais c'est ce qu'il risque d'arriver si vous me rejouez un tour de ce genre, compris ?

Menace très gentille, vous en consentirez.
Oui, elle n'était pas si méchante que cela, notre petite Vio.
Elle était juste assez ... impulsive, disons. Et elle frappait parfois plus qu'elle ne réfléchissait, mais bon. Cela faisait peut-être parti de son charme, allez savoir.

Invité

- Mais c'est ce qu'il risque d'arriver si vous me rejouez un tour de ce genre, compris ?

Lugh calqua son pas au sien, et son sourire s’élargit en écoutant la véhémence de la jeune lycane : Ah, oui, il avait oublié que les menaces étaient son crédo et l’agressivité son mode de vie. L’image des deux séducteurs de la meute, estropiés, le fit étouffer un gloussement. Oui, il se voyait très bien : lui, un peu moins amoché que Kae, boitant avec classe et repoussant ses cheveux en essayant vainement de ne pas se ramasser la gueule sur le mucus automnal, et son ami, rampant et pleurant aux pieds de la cruelle donzelle satisfaite. Etrange et satirique vision. Il ne lâcha pas les épaules de Violette et tourna légèrement le visage vers elle, pour rencontrer son regard clair et pur et désamorcer son amertume et l’angoisse qui ne manquait pas de rugir en elle : car il était clair qu’elle ressentait quelque chose pour Kae. Qui déchainerait autant de passion, qu’elle soit haineuse ou insultante, sur quelqu’un qui lui aurait été parfaitement indifférent ? Au moins, Lykeios n’avait pas trop de soucis à se faire : Lugh mettait sa jambe à couper qu’il finirait par conquérir le cœur ardent de la plus jolie des louves.

Il songea à sa conversation, près du torrent, avec Kae, et de nouveau l’idée de la taverne lui revint à l’esprit ; le rêve idyllique de leur quatuor réuni le fit sourire de nouveau. Eux, le groupe impi, Kae, Lugh et Mugetsu, formant l’armée délicate et libidineuse qui mènerait au bar du village l’adorable Vio : il voulait voir les effets de l’alcool sur les deux cœurs farouches de ses amis. De plus, ce serait une bonne excuse pour rôder dans le village – des fois que Louve s’y balade la nuit. Il sentit la proposition d’une soirée pareille – que Violette n’accepterait, et encore, que sur un coup de tête et à cause d’un défi -, lui brûler la langue, et il se promit de la laisser filtrer. Après tout, et même si le barman était un gros con agressif et gras, il y avait des chances pour que leur groupe s’amuse réellement et que l’avancée du couple soit spectaculaire.

Oui, car Lugh connaissait sur le bout des doigts les effets des vapeurs de l’alcool, des chantantes étoiles de la nuit, de l’atmosphère mystérieuse du soir et de la chaleur des tavernes, sur l’esprit indocile des jeunes filles. Non pas qu’il ai essayé d’enivrer une de ses amantes, bien sûr, mais… si, en fait, si.
Il toussota, réalisant qu’il rêvassait sans répondre à l’effrayante, que disait-il, terrorisante menace de Violette – ouais, avant que son petit gabarit de sauterelle ne lui arrache une papatte, il faudrait qu’elle bouffe de la testostérone par quintaux.

- Bien sûr, ma douce, fit-il docilement en laissant l’éclat amusé de son œil étinceler ; de toute façon, les petites manigances de Kae me prennent beaucoup trop de temps, chérie : pendant cette heure et demi perdue, j’aurais pu me faire la charmante marchande de brioche, tu sais, la blondasse avec la poitrine spectaculaire qui chantonne le prix des pains au chocolat sur la grande place ?

Il se rengorgea lentement et jeta un œil espiègle à Violette – de fait, il mentait. Premièrement, la petite blonde et ses atouts féminins étaient tous trois passés dans son lit il y avait plus d’une semaine, le temps qu’elle lui dise son prénom et qu’il la pervertisse – encore des syllabes qu’il n’avait pas mémorisées, tiens -, et basta. Deuxièmement, il s’était éclaté en montant l’imbécile stratagème de Kae : ils étaient restés plusieurs nuits debout pour décider de la nuit parfaite pour quelques heures de sommeil en symbiose, avant de porter leurs choix sur celle du pacte ; avaient arraché toutes les mauvaises herbes, brindilles et racines du chemin menant à la fenêtre, de peur que l’ouïe de l’Adorée ne refasse surface au son d’un craquement ; étaient entrés par effraction pendant le renouvellement du pacte, et avaient déverrouillé le loquet de ladite fenêtre pour que le soupirant puisse se glisser dans la pénombre ; s’étaient consultés sur le comportement utile dans les situations d’urgence : Kae pouvait tomber sur Violette éveillée, Leah passant par là, de potentiels adultes, la fenêtre pouvait rester bloquée, le bruit de l’entrée pouvait réveiller Vio, elle dormait peut-être nue, ect.

Finalement, ils avaient passés des heures, comme des fillettes, à choisir les vêtements que de toute façon il aurait (avec beaucoup de chance), enlever, ou que Violette ne remarquerait même pas.
Bref, un long, long programme puéril.

Lugh s’arrêta soudain, et décida de tenter le diable – pour son ami, pour leurs rêveries communes, et surtout, pour voir l’adorable moue de colère qui transfigurait si bien la pureté agréable du beau visage de Vio :

- Mais tu sais, tu peux l’avouer… que tu craques sur Kae. Moi, je ne lui dirais pas, voyons, vous voir vous battre m’amuse bien trop. Mais franchement, quelle fille saine d’esprit s’acharnerait tant sur un pauvre bougre amoureux, sinon une idiote en plein déni et irrésistiblement attirée par notre poulette nationale ? Tu sais, personne ne se moquera de toi parce que tu aimes une tafiole.

De deux choses l’une. Ou elle défendait Kae, ou elle piquait une crise, (ou elle passait directement à l’attaque). Il décida de garder ses forces pour son idôlatrée et personnelle furie rousse, et adoucit ses invectives avec une douce invitation jetée d’une voix guillerette et câline :

- Oh, au fait, tu voudrais venir avec nous à la Taverne, boire un verre et fêter l’hiver, samedi, ma petite chérie ?

.

- Bien sûr, ma douce, de toute façon, les petites manigances de Kae me prennent beaucoup trop de temps, chérie : pendant cette heure et demi perdue, j’aurais pu me faire la charmante marchande de brioche, tu sais, la blondasse avec la poitrine spectaculaire qui chantonne le prix des pains au chocolat sur la grande place ?

La charmante marchande de brioche ?

Oui, Violette voyait vaguement qui c'était. Pauvre marchande de brioche. Elle la plaignait. Mais passons. Notre adorable lycanne n'allait pas non plus s'attarder pendant des heures sur le sort d'une pauvre humaine qui avait le malheur d'avoir une poitrine spectaculaire qui puisse plaire à un lycan de l'île. Il ne fallait pas pousser la gentillesse ou la pitié trop loin, non plus. Et puis franchement, ce genre de remarques sortant de la bouche de Lugh n’étonnaient même plus Violette. Il fallait croire qu’on s’habitue à tout.

Ce qui la fit un peu plus réagir, cependant, ce furent le paroles qui allaient suivre - bien évidemment. Le lycan s’était arrêté, Violette en avait donc fait de même, et ce fut à cet instant qu’il sortit la meilleure -ou la pire- des choses à sortir :

- Mais tu sais, tu peux l’avouer… que tu craques sur Kae. Moi, je ne lui dirais pas, voyons, vous voir vous battre m’amuse bien trop. Mais franchement, quelle fille saine d’esprit s’acharnerait tant sur un pauvre bougre amoureux, sinon une idiote en plein déni et irrésistiblement attirée par notre poulette nationale ? Tu sais, personne ne se moquera de toi parce que tu aimes une tafiole.

Si nos deux compagnons auraient continué leur marche tout en parlant, c’était sûr que Violette se serait arrêtée sur place à ces mots. Mais ils s’étaient déjà arrêtés, donc la lycanne blonde n’eut pas à se soucier de cette étape. Non, pour le moment, seule une expression à la fois offusquée et incrédule se peignait peu à peu sur son visage, progressivement, en se faisant de plus en plus nette, le temps que le sens de toutes ces paroles lui parviennent clairement au cerveau. Et tout ce qu’elle réussit à sortir de ses lèvres crispées, ce fut un :

- Pardon ?

Oui, pardon ? Elle, craquer sur Kae ? … Celle-là, c’était la meilleure ! Non mais franchement, donnait-elle vraiment l’impression de se languir d’amour pour cette sangsue aussi collante qu’une… sangsue ? Bien sûr que non. C’était n’importe quoi. Encore une de ces blagues débiles dont Lugh avait le secret, tout comme ses amis en avaient souvent d’ailleurs. Pour un peu, Violette aurait explosé de colère et se serait mise à cogner Lugh, au lieu de Kae cette fois. Décidemment, elle usait beaucoup de ses poings ces derniers temps, avec ces cas qui faisaient parti de la bien respectée meute de lycans. Non mais, franchement. Et donc comme çà, si elle s’acharnait tant sur un pauvre bougre amoureux, c’était parce qu’elle n’était rien d’autre qu’une idiote en plein déni et irrésistiblement attiré par lui ? D’accord. On ne la lui avait jamais faite, celle-là. Ou peut-être que si, mais elle avait certainement oublié. Oh et puis zut, est-ce qu’ils ne pouvaient pas un peu la lâcher, tous ? Maintenant, si elle continuait de frapper ce cher Kae comme elle le faisait si bien, cela équivalerait à un acte d’amour partagé ? Il en avait d’autres, du genre ? Non mais, c’était pas croyable.

Voilà un peu dans quel état d’esprit se trouvait Violette à cet instant, et l’incrédulité qui se battait contre la fureur injustifiée en elle l’empêchait d’articuler un son. Elle restait donc complètement muette, mais l’expression de son visage laissait clairement comprendre ce qu’elle pensait de ce genre de réflexions. Et puis en plus, voilà que Lugh traitait Kae, son ami, de tafiole ? D’accord, elle ne comprendrait jamais les garçons. De nouveau, cela ajouta un peu plus de charge à son incrédulité, mais elle ne fit pas encore de commentaires. A vrai dire, Lugh eut même le temps d’enchaîner :

- Oh, au fait, tu voudrais venir avec nous à la Taverne, boire un verre et fêter l’hiver, samedi, ma petite chérie ?

Le premier réflexe de Violette, bien entendu, fut de répondre un « Pas question ! » catégorique. Mais après réflexion, alors qu’elle avait déjà ouvert la bouche d’un air indigné, elle la referma en fronçant les sourcils. A tous les coups, si elle répondait non, comme il était évident qu’elle réponde, Lugh allait trouver un nouveau prétexte pour justifier sa conduite, comme quoi elle avait peur de se trouver en compagnie de celui qu’elle aimait mais dont elle refusait l’idée, quelque chose du genre. Ou du moins était-ce ainsi que Violette voyait les choses. Et puis, elle avait sa fierté. Et se soustraire à ce qu’elle jugeait une invitation déplacée -elle n’avait toujours pas dirigé le coup de l’invitation de Kae dans son lit,- cela paraissait un peu comme de la lâcheté, non ? Et bien, très bien. Elle allait leur montrer un peu. De un, que ce que ce cher Lugh disait était complètement faux, de deux, qu’elle ne se laissait pas faire et de trois, parce qu’elle avait un compte à rendre à ce cher Kae au sujet d’une certaine lingerie volée. Bon. Ok. Ils allaient voir que Violette Winchester n’était pas une lâche. Ou du moins était-ce ainsi qu’elle voyait les choses, tout ceci n’engage que elle. Bref.

La jeune fille blonde, qui avait de nouveau reprit la maîtrise de ses émotions, afficha un air de mépris et de défi à la fois sur son beau visage, et fit tout d’abord une remarque au sujet des premières paroles de son compagnon :

- Tu te fais des films, mon vieux, tu devrais arrêter de boire.

Bref, ceci fait, elle croisa les bras sur sa poitrine, arqua un sourcil et redressa fièrement son menton, pour lâcher un simple mais concis :

- D’accord.

Étonnant, n’est-ce pas ?
Elle espérait bien.

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